Chères amies, chers amis,
C’est avec une très grande tristesse que j’ai appris le décès de Renée Dufourt, grande philosophe, républicaine, sociale, féministe.
Après avoir passé sa licence de philosophie en 1940, amie de Gilbert Dru et de ceux qui participent ou participeront à la Résistance et qui se replient en zone libre, Renée, dès 1942, devient secrétaire nationale de la Jeunesse Etudiante Chrétienne de France.
En 1946 elle reprend ses études et ses activités professionnelles, politiques et associatives. De 1950 à 1967, elle est professeur de philosophie au Lycée Edouard Herriot, où j’ai eu la chance de la rencontrer et l’honneur d’être formée par elle au féminisme. Elle a été et reste ma maitresse à penser.
Elle a travaillé au Parti socialiste, avec Yvette Roudy, et je me souviens des discussions entre elles deux lorsque Yvette Roudy était candidate aux législatives en 1978 à Lyon et qu'elle logeait dans ma famille. Renée a également été conseillère technique auprès de Michèle André, secrétaire d’Etat aux droits des femmes.
Elle crée « femmes et pouvoir » dans les années 1980, au début des années 2000 elle est nommée comme personnalité qualifiée au comité d’éthique national en raison de sa réflexion sur la procréation médicalement assistée et enseigne au centre de réflexion « Santé, éthique et liberté » associé à la faculté de médecine de Lyon.
Chrétienne de gauche, elle a notamment publié en collaboration avec ses amies de l’Institut catholique « Et si on ordonnait les femmes ? »
Présidente d’honneur de Regards de Femmes, elle avait résumé ainsi son engagement, lors de notre colloque pour célébrer le 50ème anniversaire du droit de vote des françaises :
« Il faut toujours tenir les deux bouts, entre égalité et différence pour orienter nos choix. C’est le paradoxe des féminismes, en particulier français, mais c’est une force, une source d’initiatives, de mouvements innovants. »
Son intervention lors de ce colloque est à relire. Je l'avais à l'esprit lorsque j'ai rencontré les femmes Egyptiennes en 2011, après la chute de Moubarak et les femmes Tunisiennes après la chute de ben Ali. J'insistais sur l'indispensable égalité, ce "principe de base républicain" . L'actualité prouve la pertinence de son analyse.
Elle reste un phare pour nos actions.
Michèle Vianès
Intervention de Renée Dufourt lors du 60ème anniversaire du droit de vote des françaises.